Envisager un tel parcours en 24 heures était tout simplement impossible! Ca a été dur et même très dur parfois. D' une part à cause d'un vent d'ouest de face en permanance et d'autre part avec pas mal de kilomètres en plus sur des routes vallonnées. Une nuit dans un hôtel d'Angers n'a vraiment pas été de trop !
1. Herblay - Poissy (14,7km)
On est jeudi 12 août, 7h30. Je ne suis pas trop chargé et j'ai réussi à équilibrer les charges sur le vélo. Mon sac à dos n'est pas lourd. Par contre, je suis gêné par le poids du sac de guidon qui me retire un peu de liberté de mouvement. Il ne fait pas très chaud, genre 13 degrés et le soleil à l'air de montrer sa tête... La petite lampe que j'ai installée à l'avant de mon casque gêne un peu ma vision.
Une bonne tête de vainqueur...
Je suis en route depuis 20 minutes et déjà un premier incident : une crevaison à l'avant ! Je décide alors de vider le sac sur le guidon et d'alourdir mon sac à dos. Je repars et quelques minutes après, je suis obligé d'augmenter la pression des pneus car je ne me sens pas à l'aise. Mes nouveaux pneumatiques s'écrasent et je dois gonfler les chambres à fond.
Laurent Jalabert? Crevaison à l'avant?!
Autre problème : le vent qui est malheureusement pile dans la direction que je dois suivre pendant tout le trajet...
2. Poissy - Plaisir - Montfort l'Amaury (27,1 km)
Pour aller à Plaisir, je m'engage dans plusieurs côtes que je connais bien. Je suis en revanche plus inquiet pour la météo. En effet, il y a un vent de face persistant et aussi du brouillard !
IKEA au mois de décem... d'août !
J'accueille avec joie la descente de Neauphle le Château avant de me lancer, à travers champs, vers Montfort. Le vent est assez handicapant. Sur du plat où je devrais être entre 28 et 30km/h, je me retrouve à 22km/h sur le petit plateau à forcer pour conserver de la vitesse !
Une bonne moyenne de coureur à pieds...
Arrivé à Montfort, je me perds un peu en traversant le centre ville pavé et en m'engageant dans une côte vers St Léger en Yvelines.
3. Montfort l'Amaury - Nogent le Roi (34,3km)
C'est un segment assez agréable, dans la forêt. Après une côte, je suis tranquilement la route vers St Léger en Yveline qui se termine par une belle descente. Une fois en ville, je n'arrive pas à trouver la "route des grands coins" et m'engage sur la D936... Je croise un cycliste qui m'indique la route vers La Boissière Ecole.
Une aide précisieuse !
J'ai dû faire un détour de plusieurs kilomètres... Je passe ensuite par Dancourt puis j'arrive à Nogent le Roi après 3h30 de route. J'en profite pour faire une pause boisson à une station service et commence un sandwich en reprenant la route.
4. Nogent le Roi - Chateauneuf en Thymerais - La Loupe - La Fourche (59,8km)
Le centre de Nogent le Roi
Gros morceau qui, en théorie, devait se passer sans difficulté car il n'y avait aucun relief particulier. En réalité, le vent m'a beaucoup gêné dans les champs. A Chateauneuf, la direction "Le Mans" est indiquée. Il ne reste plus qu'à se laisser guider. Ayant repris des forces, j'ai pu faire cette partie d'une traite et ce jusqu'à Nogent le Rotrou.
5. La Fourche - Nogent le Rotrou (10,2km)
A ce point, je voulais éviter la Nationale mais comme il n'y avait pas beaucoup de voitures, j'ai continué. A Nogent, je m'arrête au Leclerc pour une bonne pause bouffe et pour tenir au courant la famille ! Je repars sur les coups de trois heures et traverse la ville en direction de la Ferté Bernard.
6. Nogent le Rotrou - La Ferté Bernard (21,8km)
La sortie de la ville se fait en montée. La température commence enfin à monter et je retire mon sweat. En direction de la Ferté, je quitte la route principale pour passer par Ceton où j'aurai droit à ma deuxième crevaison à 16 heures.
Une fois arrivé, je suis la direction du Mans.
7. La Ferté Bernard - Champagné (33,4km)
Je poursuis ma route sur la D323 qui est directe mais qui est surtout très empruntée. On se croirait sur une Nationale et je me fais doubler en permanence par des camions. Malgré une légère fatigue, j'ai le morale et je fais face au vent avec énergie.
Quelques kilomètres avant Champagné, je crève à nouveau (17h55) : il ne me reste plus qu'une chambre à air ! J'espère pouvoir tenir jusqu'au Mans (environ à 20 km) afin d'en acheter de nouvelles... J'avais prévu de contourner l'espèce de rocade par une route au niveau de la ZA de la Forêt mais au dernier moment, j'ai eu peur de me tromper. Je me lance donc sur la voie rapide.
8. Champagné - Circuit des 24 h - Arnage (18,7km)
Je sors au niveau du Leclerc, fais quelques courses et m'engage sur les petites route de la Sarte vers le circuit. Je suis un peu perdu dans mes cartes alors je demande à des personnes de m'indiquer le circuit : là, aucune n'est capable de m'indiquer un bon chemin alors que le circuit est tout prêt ! Je suis une direction pendant plusieurs kilomètres qui donne finalement sur l'autoroute de Tours ! Je fais demi-tour et me renseigne auprès d'un cycliste qui m'indique la direction de Ruaudin. Je commence vraiment à avoir faim et je rage de faire ce grand détour. A Ruaudin, je demande une nouvelle fois mon chemin et on me dit d'aller vers Arnage (oui, c'est de nouveau sur mes cartes!)J'arrive au Mac Do, prêt du circuit des 24 heures, je m'arrête pour manger.
Pas le temps de faire un cadrage correct !
Pendant le repas, je sens la fatigue m'envahir. Cela va faire 12 heures que je suis parti ! Après le repas, je m'étire un peu et repars. Je fais volontairement un détour pour me prendre en photo à l'entrée du circuit (genre "j'y étais") mais cet écart se fait face au vent et en faux-plat... Je repars enfin en direction d'Arnage.
9. Arnage - Clermont Créans (30,4 km)
A la sortie d'Arnage, je empreinte là encore un grand axe. J'espère atteindre Angers avant minuit. J'ai repris des forces et la fatigue s'est faite un peu oublier. J'assiste à un très beau coucher de soleil et je pédale sans trop d'effort vers Clermont Créans. Sur le côté de la route, une voiture est arrêtée. Le conducteur me crit qu'on ne voit pas bien ma lumière rouge de casque. Je m'arrête pour la poser sur ma selle et je repars.
Quand la nuit tombe, je sens que la fatigue reprend le dessus.J'arrive à Clermont Créans en suivant une belle descente. Grisé par la vitesse, je reprends de l'énergie pour continuer. Cependant, la traversée de la ville est très longue et assez subitement, le doute s'installe sur mes capacités...
Très belle vue de Clérmont Créans...
10. Clermont Créans - Angers (51,8km)
Il fait maintenant nuit noire. Mon maigre éclairage n'est pas du tout adapté à la situation ! Ma lampe de guidon éclaire faiblement à 3 mètres devant moi tandis que ma lumière frontale illumine beaucoup trop haut ! Je suis obligé de baisser un peu la tête pour me repérer avec les lignes blanches. C'est éprouvant et je dois me concentrer pour rester sur la route, surtout quand je me fais doubler par les quelques poids-lourds. De surcroît je me prends tous les moustiques qui sont attirés par le point lumineux !
Les kilomètres s'égrainent trop lentement ! Je n'arrive plus qu'à avancer par à-coups. Vers Bazouges, je passe devant un hôtel et me demande déjà si je ne vais pas prendre une chambre ! Pourtant je continue.
A La Chapelle St Laud : je n'en peux plus ! Arrivé à l'église, à 23h, je me pose sur un banc et décide de dormir un peu. Evidemment, ce ne sont pas les conditions idéales ! C'est dur, il y a du bruit et surtout il fait très froid ! J'enfile ce que je peux comme vêtements et m'allonge... Je somnole une petite heure sans réussir à me détendre. Et il y a ce froid qui s'immisce de plus en plus ! Je prends alors la décision de repartir à minuit. Je reprends la route en grelottant malgré mes trois épaisseurs. Je mettrai un bon quart d'heure à me réchauffer.
Une maison pour la nuit...
Je suis toujours fatigué et ne pense qu'à dormir. J'arrive à St Sylvain d'Anjou, aux portes d'Angers, j'aperçois un Etape Hôtel au loin... L'envie d'un bon lit est trop forte ! Avant même d'entrer dans la ville, je bifurque sur la droite en priant pour qu'il reste une chambre pour moi !
Une fois devant l'ordinateur de l'hôtel, je peux effectivement prendre une chambre, rentrer avec le vélo et m'installer tranquillement. Je mange un peu et je descends prendre un café avant de remonter pour me doucher et dormir. Il est presque 2 heures du matin...
11. Angers - Chalonnes sur Loire (25,2km)
Il y 8 heures du matin. Je me réveille; prépare mes affaires et descends pour prendre le petit déjeuner. Je discute avec mes voisins de table pendant que j'avale tout ce que je peux... Vingts minutes après je suis sur le vélo, reposé et les jambes en bon état. Je me dis que j'ai fait le plus gros et qu'en prenant mon temps, je serai à Saint Gilles vers 15h...
Je traverse Angers en travaux et rejoins Anjou après quelques difficultés. Je parcours ensuite de petites routes sympathiques jusqu'à Bouchemaine. C'est à partir de cette ville que les difficultés commencent.
D'une part, je n'arrive pas à suivre la Loire. J'alterne les côtes et les descentes jusqu'à Savennière pour trouver enfin une route dédiée aux vélos le long du fleuve. D'autre part, le vent souffle de plus bel et il est difficile d'accélérer. Je prends un grand pont qui mène à Chalonnes. La ville est assez grande et la sortie s'opère par une grande montée.
Vue du pont.
12. Chalonnes sur Loire - Montrvaux (25,7km)
En sortant de la ville, j'ai déjà faim mais j'espère tenir jusqu'à Montrevaux. J'empreinte la D762 qui est une route assez large mais plutôt calme. Je lutte contre le vent qui souffle de plus en plus fort. A St Pierre Montlimart, je ne tiens plus et vais au supermarché. Je prends du Coca et un cake mais il y a trop de monde à la seule caisse ouverte. Je repose tout et repars. Dans mon sac, il me reste quelques petits saucissons que je mange avec une barre de céréale...
Arrivé à Montrevaux, je décide de pousser jusqu'à Tillières...
13. Montrevault - Tillières (16,9km)
Je commence le parcours dans les champs et les vignes. La route est toujours constitué de petites côtes, de faux plats montant et descendants. Google ne m'avait pas prévenu ! Et j'ai même l'impression que le calcul de distance théorique sur internet n'a pas pris en compte les dénivelés constants !
Arrivé à Tillière, je veux acheter quelque chose mais l'épicerie ne prend pas la carte bleue pour des petites sommes : argh ! Du coup, j'achète juste de l'eau avec les 2 euros qui me restent et me dit que je tiendrai jusqu'à Clisson. J'essaye de sortir de la ville mais il y a des travaux sur la route que je veux prendre... Je me dirige au hasard et entame quelques kilomètres face à un vent violent et une montée incroyable ! C'est évidemment arrivé en haut que je me rends compte que c'est la mauvaise direction!
14. Tillières - Clisson - Vieillevigne (30,4km)
Une fois dans la bonne direction, je m'enfonce dans les vignes du Muscadet... Et là j'ai une énorme fringale! Je commence même à avoir la tête qui tourne un peu : je n'ai plus rien dans l'estomac et il faut tenir encore quelques kilomètres jusqu'à Clisson.
Toujours face au vent, je m'engage sur une petite route rectiligne qui va vers le centre ville. Une fois le panneau "Clisson" franchi, je demande à une personne où je peux trouver à manger. Elle m'indique un centre commercial que je vais rejoindre alors que le ciel se couvre et que le vent s'intensifie.
Au Mac Do (toujours!), je fais le plein : 2 hamburgers, patatoes, jus d'orange et glace. Je profite de ce repos pour regarder mes mains : j'ai une énorme ampoule à la paume gauche. Je la perce et sens instantanément une vive brulure ! Je ne pourrai plus m'appuyer correctement sur le guidon. Je reprends la route, à 14h40, en passant par le centre ville de Clisson. J'ai un peu de mal à trouver la direction de Vieillevigne et dois attendre 3 personnes avant qu'on m'indique la bonne route. Une fois sorti de la ville, il reste 15km. La température a baissé et avec le ventre plein, j'arrive son trop de problème à finir cette étape.
15. Vieillevigne - Falleron (24,2km)
La sortie de Vieillevigne se fait en montée. Je mets ensuite le cap vers Rocheservière : c'est un grand axe sans trop de voitures. A Légé, je contourne la ville pour reprendre une route encore plus grande et qui ressemble vraiment à une Nationale. Je vois de temps en temps une indication "St Gilles" et cela me redonne du courage pour finir. Après les mains, ce sont les fesses qui flanchent ! Dès que je me lève de ma selle ou que je m'asseois, je sens une douleur intense sur la peau, genre coup de soleil...
J'entre enfin dans Falleron pour entamer les 30 derniers kilomètres...
16. Falleron - Saint Gilles Croix de Vie (30,4km)
Niveau dénivelé, je pensais être tranquille sur la fin mais je constate qu'il y a bien un relief vendéen ! De La sortie de Falleron jusqu'à Commerquiers, c'est un ensemble de légères côtes et de faux plats. Je crois atteindre des sommets à des virages mais je constate que ça grimpe encore ! C'est très difficile d'assurer une moyenne honorable malgré mon envie d'en finir au plus vite. A partir de Commerquiers, je reconnais les routes et ça me rassure. Il est 18h, je vais bientôt entrer dans le Fenouiller et arriver par le Super U de St Gilles.
"Tu nous la copieras ta balade..."
18h20, je suis arrivé ! Je me prends en photo à côté du panneau de la ville avant de faire quelques courses pour le repas du soir. 20 minutes plus tard, j'entre dans l'appartement. Je m'étire, je mange. J'ai le gros orteil droit engourdi (et ce n'est toujours pas revenu 10 jours plus tard !)
Je ne sais pas si je recommencerai ce traget, du moins pas dans les mêmes conditions de vent. En roulage, j'ai fait du 22,5km/h de moyenne. En comptant le repos, je dois être à 13,5km/h ! C'est à dire moins vite qu'au Mans à roller (16km/h)! Ce parcours m'a d'ailleurs permis de prendre du recule par rapport aux 24h sur le circuit Bugatti : ce que j'ai vécu là était beaucoup plus dur ! Pas d'assistance, obligation d'aller au bout, la circulation, suivre un itinéraire, se perdre... Malgré tout, peut-être essaierai-je d'autres longues distances ou sinon moins long mais à roller.